Quelle école nouvelle ? 2021

Pour penser une école nouvelle qui émergerait après l’expérience du confinement, il est peut-être bon d’explorer des “choses” qui se cachent derrière le mot “école”.

Remarque préalable : Tout gamin, j’ai vu mon grand-père paternel enseigner “autrement”, inspiré par Célestin Freinet, l’homme de l’école où l’élève bouge.
Je suis arrivé à l’école avec un point de repère, un point de comparaison.
D’un côté il y avait la joie d’apprendre des élèves de mon grand-père.
De l’autre côté il y avait la souffrance de mon dos bossu sur les sièges inconfortables de l’école, mon besoin de bouger, de m’exercer, de créer, de préparer des textes pour les dire, etc.
L’école de la République a été un enfer pour moi, 14 années d’enfer.
Parfois il y a des mauvais films avec des bonus intéressants.
J’ai eu quelques bonus avec des enseignants intéressants – Poudeyrou, Bernard, Beaupère, Guichard, Massey et quelques autres qui ont su me faire oublier un peu les souffrances de mon corps.
Mais ça ne fait pas beaucoup en 16 ans !!!
Adulte, j’ai été ouvert aux propositions d’écoles “autrement”.
J’en ai rêvé pour les générations nouvelles.
Pour moi, j’ai pris la voie autodidacte : pas de siège qui torture mon dos, pas de prof ni de tableau à regarder alors que ma cyphose m’interdit de lever la tête !!!
Le nez dans les bouquins et, plus tard, les films, les exposés avec diapositives, France culture, Arte, etc.

J’ai une légitimité à parler du sujet “Devenir docteur de l’université en étant autodidacte.
Ma légitimité à parler de l’école où j’étais tellement en décalage me vient d’un exercice hebdomadaire nommé “Séance avec psychanalyste“.
J’ai “malaxé” la mémoire de mon cauchemar scolaire. Il en reste un “certain regard”.

L’école d’Héraclite

Quand un dispositif social est-il apparu qui mérite le nom d’école ?
Certainement bien avant Héraclite.
Je prends l’exemple d’Héraclite pour montrer que la complexité du monde autour de l’école n’est pas une chose nouvelle.

Environ un siècle avant Platon (vers -550), naissance d’Héraclite d’Éphèse.
Il est le témoin du développement de la République athénienne : le pouvoir passe de l’aristocratie terrienne
aux artisans et armateurs.
Pendant le siècle d’Héraclite …
Sédécias, le dernier roi de Juda est exécuté par Nabuchodonosor II tandis que Jerusalem
est détruite et les nobles du royaume de Juda déportés à Babylone.
A Rome, suite au viol de Lucrèce par le fils du Roi de Rome, la royauté est abolie au profit
de la République des Patriciens.
En Gaule de nombreux «royaumes» alternent alliances et rivalités.

C’est quoi une école?

Retour en 2021
L’école maternelle
Il faut absolument regarder le film “Récréations” de Claire Simon.
On y voit garçons et filles capables du pire comme du meilleur.
Dans la catégorie “le pire” on trouve la raclée, l’ostracisme, la manipulation.
Dans la catégorie “le meilleur” on trouve la collaboration, l’empathie, l’assistance.

Les petits d’hommes comme fourmis collaboratives
On pourrait penser que l’école favorise ce genre de comportement.
Hum …
L’école favorise la compétition – qui sera le premier de la classe ???
L’école lutte contre les qualités collaboratives naturelles.
Pire ! L’école est schizophrénante !
Elle dit à la foissoyez en compétition individuelle” + “collaborez à l’occasion d’un exercice, de la préparation d’un exposé.

Les anthropotechniques

Depuis la nuit des temps les sociétés humaines se sont interrogées sur l’art de passer de l’état d’enfant naturellement barbare à celui d’adulte «civilisé»?
Peter Sloterdijk nomme «anthropotechniques» ces processus.
L’école est un des lieux où se pratiquent des anthropotechniques.
Il s’agit de familiariser l’enfant à la fois avec les problèmes «être barbare» et avec les
solutions «être civilisé».
Psalmodier des ritournelles – la souris verte et ses avatars – c’est conformer sa respiration,
sa parole et son geste à une forme préexistante de texte-mis-en-rythme.
Jouer la palette des jeux décrite par Roger Caillois c’est explorer l’envie de combattre, etc.
et la développer dans le symbole – taper dans un ballon, jouer aux petits soldats, etc..
Jouer avec des formes c’est apprivoiser l’espace.
D’autres anthropotechniques amènent à se familiariser avec les rythmes, les notes de
musique, etc..

L’école «sérieuse»

De 6 à 16 ans des processus plus ou moins contraignants – rester assis, etc. – sont mis en
place pour que l’élève soit dans une posture réceptive des savoirs instillés par le maitre.

Une école unique pour enseigner les écoles multiples

A l’approche du baccalauréat le lycéen découvre que tout le monde ne pense pas l’anthropos, son organisation mentale et sociale de la même manière.
Les écoles, stoïque, épicurienne, sceptique, cynique, etc.. sont étudiées.
Le lycéen découvre qu’il a eu, par exemple, un père sceptique, une mère stoïque, des enseignants épicuriens et un chef scout cynique.
Et que si tout est totalement confus dans sa tête c’est normal.

L’école et la famille

Par exemple dans 93% des familles américaines il y a une Bible pour 50% des familles
françaises.
L’école ne peut pas ignorer ce qui se passe dans la famille.
Collisions possibles entre le modèle du monde transmis par l’enseignant et celui transmis par la famille.

Il y avait une école, il y a des écoles

Ce qui est frappant au début du 21e siècle c’est le succès de toutes les écoles non-
publiques.

Ecoles à base confessionnelle des différentes religions grandes ou moins grandes.
Ecoles nouvelles Montessori, Waldorf-Steiner, mouvement de l’Ecole démocratique, mouvement des écoles Freinet, etc..

La non-scolarisation

Silvia Galipeau écrit :
« C’est ce qu’on appelle l’unschooling, ou la déscolarisation :
l’apprentissage par le vécu, et surtout par intérêt. La philosophie, méconnue ici, est de
plus en plus populaire aux États-Unis, mais aussi dans le reste du Canada. Il suffit de
fouiller un peu sur l’internet pour voir foisonner les groupes de soutien.
«Les enfants naissent avec l’habileté d’apprendre, une curiosité et une soif d’explorer », explique Wendy
Priesnitz, éditrice d’un magazine torontois sur les apprentissages non traditionnels (Life
Learning Magazine).
Elle est l’une des premières au pays à avoir adopté ce mode de vie avec ses deux filles, dans les années 70.
Son aînée, aujourd’hui graphiste, a déjà enseigné la littérature à l’université, tandis que la cadette est conservatrice d’un jardin botanique, toujours à l’université.
«Les enfants sont des apprenants très actifs jusqu’à ce qu’on leur apprenne à ne plus l’être», dénonce-t-elle.

Selon plusieurs adeptes, l’école, notamment l’école primaire, par sa rigidité, tue la curiosité propre à l’enfant.
«Je crois qu’il faut faire confiance à nos enfants et les respecter», résume l’auteure de plusieurs
ouvrages sur la question (Challenging Assumptions in Education, Life Learning et Natural
Child).»
L’essentiel est dit:

  • l’enfant est naturellement curieux et désireux d’apprendre,
  • l’école «tue» cette curiosité en figeant l’enfant sur un siège avec un programme enseigné
    qui n’est pas articulé à son questionnement,
  • si l’on fait confiance à l’enfant, il est capable d’apprendre ce qui est nécessaire pour des
    fonctions universitaires

Illustration

L’école de mon enfance.

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